Ce n’est pas parce que les cœurs purs et autres denrées utilisent du concentré de tomate

qu’ils cèdent à la tentation de mettre la performance en conserve.

Le 23 Octobre, la Machinante ouvrait ses portes à Montreuil pour un nouveau lavage/salissage.

 

 

La performance, aujourd’hui, on la met à toutes les sauces. On l’embaume, on la congèle, on l’affuble

d’une étiquette radicale-chic pour mieux lui limer les griffes. Oublieux qu’elle ne pardonne pas l’inauthenticité,

comme le dit justement Régis Debray (1). Si cet art de l’effraction fait encore sens aujourd’hui,

ce n’est sûrement pas par des provocations infantiles dignes de la trash TV. Blandine Scelles nous le rappelle,

avec ses rituels qu’elle préfère appeler «  transformances ». Avec douceur, elle invite à ses étranges cuisines :

cérémonies où l’on salit « pour rire », et pour laver ensuite…

 

La nourriture et son partage, le sale, le propre, le rapport au corps et au nu…ça effleure beaucoup du quotidien,

du vital de l’essentiel, en douceur, sourire aux lèvres. De la profondeur qui sait ne pas céder à l’esprit de sérieux,

de la cérémonie dépouillée de la solennité.

Affichant une aisance magnifique dans une nudité qui n’a rien de provocant, Blandine retourne à l’enfance

avec ses triturages de matières, son rapport décomplexé au « salissage ».

A l’univers clean et aseptisé du « spectacle », elle oppose les éclaboussures et l’établissement d’une relation complice,

où les rôles ne se confondent pas, mais où les « présents » sont littéralement « invités » à la cérémonie, plutôt que spectateurs.

 

Et pour cause, le rituel artistique existe dans un contexte : celui de la Machinante, lieu de travail de la compagnie

où tous les détails, même incongrus, participent à la chaleur de l’accueil ; celui d’un quartier où les voisins africains sont invités à participer à la manifestation, où une association s’occupe de nourrir les visiteurs.

La « transformance » n’est pas juste donnée à voir, mais s’inscrit dans une intimité, dans un travail, dans un parcours.

 

Il faut absolument suivre les autres parcours des Cœurs purs, ces trublions de la douceur qui n’ont pas fini de surprendre.

 

 

1. Sur le pont d'Avignon,   Flammarion "Café Voltaire" Novembre 2005o

« Instantanés » et montage de Marion Legouy, photo de Guillaume Ponsin

n, Flammarion, « Café Voltaire

Octobre 2005,Valérie de Saint-Do dans microcassandre n°15 de la revue HORSCHAMPS-CASSANDRE

                                                                                                                                                                  Visitez:  http://horschamp.org/